EN
  • EN
  • RU
  • FR
  • DE
  • CN
  • JP
EN
  • EN
  • RU
  • FR
  • DE
  • CN
  • JP

  • 06.07.2016

    Un espace intemporel

    • Description

       

      Il était une fois... un artiste, jongleur, circassien. Son travail s'accompagne de musique classique. Ses gestes suivent le rythme régulier et mélodieux, mais régulièrement se détournent. Il est dans le jeu en permanence. Dans l’indiscipline esthétique et précise comme du papier à musique mais avec la fougue du cheval fou. Son visage est radieux. C'est celui d'un homme éclairé par son sourire doux et généreux qui témoigne du plaisir qu'il se donne et nous donne en retour. Il est accompagné par Marie Fonte, jeune femme au port de tête d'une reine. Ils sont rois dans leur art, car maitres de leur ascension, de leurs créations, de la construction de leur point de suspension, en recherche d'équilibre à l'infini.
      Yoann Bourgeois est un Artiste curieux. Il pénètre dans le cercle de la danse et travaille avec Maguy Marin pendant 5 ans. Il avait déjà été marqué par Alexandre Del Perugia, pédagogue, qui pendant sa formation a ouvert ses réflexions sur l'apesanteur. Yoann est devenu une figure majeure. C'est un homme humble, passionné, à l'écoute. Il vient d'endosser le rôle de co directeur de CCN de Grenoble. Avec Rachid Ouramdane. Une étape dans son processus de création, mais qui ne sera pas son aboutissement.
      Ce soir dans la grande allée cavalière, nous avons assisté à une déambulation de quatre de ses travaux. En arrivant sur le site, Yoann s'est promené dans le parc et a défini cet espace. Il aime ce travail sur l'espace.
      Il nous a accueilli avec « la fugue » qu'il joue avec ses 3 balles, avec une simplicité déconcertante. Un métronome marque le temps. Ses gestes sont gracieux et précis. Il bat la mesure de façon fluide, puis s'arrête comme pour fixer ce temps, éphémère, poétique. Il nous entraine dans ce désir de mouvements en toute liberté « La petite fugue ». Son signe pointé vers le ciel nous donne de la vision . Tous ses gestes sont des mots qui bout à bout construisent un langage qui métaphorise nos sentiments.

      Nous avons ensuite été invités à descendre de quelques mètres pour nous asseoir autour d'une machinerie barbare dans lequel une belle jeune femme semble prisonnière. « La balance de la lévité » Est elle une statue de la Liberté mobile ? Une femme satellite qui prend le recul nécessaire sur notre monde qui rend fou ? Elle est une poupée Copélia, aux jambes tentaculaires, qui rêvent de faire des bonds de 7 lieux ; elle est femme reliée et entravée par ses poids. Elle cherche lentement à s'en dégager, mais ses efforts sont vains et les 400kg de métal auront raison d'elle. Sa course reste un sur place et après un élan, son corps se redresse dans un dernier souffle puis ploie. Elle a été pendant quelques minutes notre proue guidante sur les chemins capricieux de vie, entre courses et lâcher prise, entre rêve et réalité...


      Troisième étape, une table et deux chaises pour prouver en quelques minutes que l'amour est un jeu d'enfants. Une femme et un homme se jouent de leurs postures. Celle de la tendresse, de la réflexion, du rejet, des retrouvailles, mais pour qui le jeu est le plus fort à travers le lien qui les relient quoi qu'il arrive ? Leurs corps bataillent entre désirs de rapprochements et fuites et tout fini dans le chaos. Tout reste à reconstruire...

      La quatrième partie, sera un beau final. Cet escalier, on l'avait déjà aperçu dans le parc Meric, dans le cadre de la ZAT. Pour cette fin d'après midi, Yoann Bourgeois l'a faite évoluer en la travaillant une nouvelle fois la veille. Nous assistons à une création exclusive d'un artiste en perpétuelles recherches, en mouvement. Ils seront deux hommes à nous jouer cette perpétuelle ascension, ponctuée de chutes. On ne peut ne pas penser à tous ces travailleurs qui vivent ce jeu d'aller et retour, aux combattants de la loi El Khomri...

      Pour finir, un petit comité de spectateurs sont invités à se prêter à un jeu de recherche d'équilibre. Après quelques consignes, Yoann nous a offert cette perception infime de l'état de suspension. Il nous a immergé dans le titre de ce spectacle « La tentative de recherches d'un point de suspension »
      Face à une personne inconnue, comment se livrer en confiance, et une fois le point de légèreté absolu atteint, comment savourer et toucher cet instant de grâce, aller à la rencontre de l'autre et de soi, presque dans un état foetal. Une façon de prendre soin de nous et de nous offrir dans cette fin de journée un lâcher prise unique. Une véritable adresse au public.
      Yoann Bourgeois est un artiste unique...

      Sylvie Lefrere

      " Tentative d'approches d'un point de suspension" au Printemps des Comédiens du 7 au 10.06.16

      http://ventdart.over-blog.com/2016/06/un-espace-intemporel.html