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  • 05.11.2016

    Poésie et plaisir irréversibles

    • Description

      Publié le 03 novembre 2016 à 23h47 | Mis à jour le 03 novembre 2016 à 23h47

       

      Poésie et plaisir irréversibles


      L'avant-première mondiale de la nouvelle création des 7 doigts de la main, Réversible, était présentée au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke jeudi soir.

      SPECTRE MÉDIA, JULIEN CHAMBERLAND

       

      SONIA BOLDUC
      La Tribune

       

      (Sherbrooke) CRITIQUE / Ces vêtements qui se côtoient sur une corde à linge d'époque comme autant de vies qui se percutent, se chevauchent et s'effleurent parfois, mais se perdent souvent dans l'oubli et le temps qui passe. Cette longue lettre d'ouverture aux grands-parents parfois complètement méconnus, ce duo tout en symbiose dans le mât chinois, ce tango de couple ponctué de claquements de fouets suggestifs, cette tempête sur la mer, cette finale tout en rythmes de vie qui bat.

      Au terme de cette avant-première mondiale de Réversible jeudi soir au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke, les artistes de la troupe Les 7 doigts de la main se sont regroupés autour de la créatrice du spectacle Gypsy Snider afin d'échanger avec le public. D'entrée de jeu, la metteure en scène était curieuse de savoir quelles images étaient restées dans la tête des spectateurs.

      On ira donc d'abord avec cette corde à linge tout en symbolique, car Réversible s'inscrit dans les racines de l'humain, mais elles s'alignent nombreuses ces images qui s'imposent tout au long de cette création qui demeure dans la plus pure et belle tradition des 7 doigts de la main.

      Au-delà des prouesses au mât chinois, sur la planche coréenne, au main à main, à la corde ou au tissu, au-delà de la jonglerie, du cerceau, du diabolo ou de la roue allemande qui se succèdent au gré des tableaux, c'est d'abord la poésie, l'énergie, la musicalité et l'humanité du spectacle qui s'imposent et s'imprègnent.

       

      Sur scène, les artistes ne se succèdent pas dans une suite mathématique de numéros, ils viennent raconter et partager une histoire, on est à la fois au théâtre et au cirque, le spectacle est partout, dans les yeux, les oreilles et le coeur.

      Invités à fouiller dans leur arbre généalogique afin d'ajouter un peu de leur histoire personnelle à Réversible, les huit artistes en scène la partagent avec générosité dans ce qui est à la fois un voyage dans le temps et dans les rapports humains. Il y a tantôt ces rencontres qui ne surviennent pas, tantôt ces vies qu'on fuit, tantôt encore cette vie que l'on tente de faire renaître dans le quotidien.

      S'il reste encore quelques numéros techniques à peaufiner et resserrer, entre autres dans le numéro de poursuite avec planche à roulettes, l'ensemble est déjà à la hauteur des espérances d'un spectateur à même d'apprécier la finesse circassienne plutôt que son explosion spectaculaire. Comme les créations précédentes des 7 doigts de la main, Réversible n'est pas explosif, il est plutôt envoûtant.

      Envoûtant de cette lecture aux aïeux inconnus qui ouvre le spectacle avant de prendre un rythme endiablé de claquements de portes, de murs mobiles, de prouesses, de rencontres, envoûtant dans ces cerceaux maniés avec grâce, dans cette pyramide humaine au pied du mât chinois, dans ce duo de corde et de tissu, dans cette vie qui bat dans une mer de tissu blanc au final.

      De fait, outre cette création de la finale, Les 7 doigts de la main misent pour le reste de Réversible sur les mêmes disciplines et accessoires qui sont au coeur du cirque moderne. L'originalité rafraîchissante de la troupe québécoise n'est pas là donc, mais dans la créativité dont elle sait faire preuve afin d'allier à la fois numéros circassiens, chorégraphies, décors mobiles, humour, poésie et musique. 

      Et la musique n'est pas étrangère à chacun de ces plans. Outre une pièce de Bach et une reprise de Terence Trent D'Arby, la musique originale créée pour Réversible est omniprésente, pertinente, légère parfois, complètement bouleversante à d'autres moments. 

      Toute aussi bouleversante que cette scène précédant la fameuse corde à linge où défilent à nouveau les artistes pour adresser encore quelques mots à leurs ancêtres en qui ils se reconnaissent un peu, preuve que tout est Réversible.

      Une dernière représentation aura lieu ce vendredi soir au Centre culturel avant que la troupe n'amorce sa tournée.

       

       

      http://www.lapresse.ca/la-tribune/arts/201611/03/01-5037692-poesie-et-plaisir-irreversibles.php